
Cette semaine a marqué la fin d’une ère : le dernier épisode de la dernière saison de la célèbre sitcom a enfin été dévoilé. Après un suspense insoutenable (ou pas), tout au long d’une saison riche en rebondissements (…), Ted a finalement rencontré la future Madame Mosby.
La série, directement inspirée de l’initiatrice Friends, a donc (enfin) touché à sa fin, après un essoufflement scénaristique particulièrement flagrant. Sans pour autant remettre en cause l’importance et la qualité de ce produit dans le paysage télévisuel actuel, elle a probablement, comme l’a mentionné Carol Hett, un peu trop tardé à tirer sa révérence…
Comme le dit le Fossoyeur de Films, dès la saison 6, la « sitcom la plus brillante du moment » a succombé à une « crise d’inspiration » sans précédent. Ce qu’il qualifie de « phénomène de la culture pop », dépeignant notre société moderne de manière fort pertinente et incisive, aux mécanismes comiques imprenables et aux réflexions « hilarantes et pleines de justesse », s’est vu prendre de plus en plus d’axes narratifs improbables, tout en ré-exploitant avec excès les codes établis dans les premières saisons. Son statut « culte » est alors devenu obsolète de par la rigidité de son cadre et de son fonctionnement, et sa « réactivité » à l’actualité, qui faisait sa force auparavant, s’est vite asphyxiée à cause de son progressif « manque d’inventivité ».
Bien que les scénaristes aient tenté de donner un nouveau souffle à la série, cela ne l’a pas renouvelée pour autant. Après des moments se voulant plus dramatiques, comme la mort du père de Marshall, l’annonce de la stérilité de Robin ou les relations amoureuses toujours aussi désastreuses de Ted, l’intrigue semblait tourner en rond… C’est alors qu’a été exploitée (peut-être à outrance) la relation impossible entre Barney et Robin, soldé par un mariage d’apparence interminable et sans grand intérêt.
Ce sur quoi la saison 9 s’est étalée, durant 22 épisodes (soit, rappelons-le, 8h de programme pour 48h de récit), sous couvert d’en apprendre plus sur la fameuse « Maman », dont l’identité et la personnalité ont nourri les fantasmes de millions de téléspectateurs pendant près de 10 ans. Si les avis divergent concernant cette fameuse révélation, tout comme on se demande encore si J.K Rowling n’aurait pas mieux fait de tuer Harry Potter, la découverte de ce nouveau personnage, œuvrant aux dépens de la progression générale de l’histoire, a meublé la neuvième saison sans pour autant la rendre beaucoup plus captivante.
Comme l’affirme le Fossoyeur de Films (qui aurait préféré ne pas savoir), l’identité cachée de la mère permettait à tout un chacun de se l’imaginer à sa manière, tant physiquement que moralement. On note donc ici l’importance de l’attente et des exigences du public, qui n’aurait peut-être pas supporté d’être laissé dans l’ignorance, au sein d’une société où l’information se doit d’être disponible, accessible et omnipotente. Entre curiosité non satisfaite et possible déception, le choix a donc été fait et le développement de ce personnage, très longtemps absent à l’écran mais omniprésent dans le récit, a permis de créer une empathie supplémentaire et un regain d’attention auprès des spectateurs.
Néanmoins, le dernier épisode de la saison, étendu à 40 minutes et censé clore avec brio la sitcom ayant enflammé plus d’une génération, n’a, selon moi, pas vraiment été à la hauteur.

En effet, après nous avoir bassiné près de 8h sur le « mariage de l’année », Robin et Barney finissent par divorcer en moins de 5 minutes. Lily et Marshall s’installent davantage dans le cliché : la carrière de ce dernier connaît une ascension remarquable tandis que sa femme, enceinte de leur troisième enfant, semble coincée à la maison pour s’occuper de leur progéniture. Après son divorce, Robin devient d’ailleurs une « vieille fille », puisqu’une journaliste à succès voyageant partout à travers le monde ne peut concilier vie de famille et vie active… Barney, quant à lui, ne connaît aucune évolution, hormis lorsqu’il termine son « mois parfait » en mettant accidentellement la 31ème fille en cloque… Et qu’il découvre l’amour de sa vie en sa petite fille nouveau né. Pour finir, on apprend que Ted raconte à ses enfants la façon dont il a rencontré leur mère, décédée entre temps, pour légitimer le fait qu’il veuille à nouveau faire la cour à leur « Tante Robin », qu’il n’a cessé d’aimer depuis tout ce temps. Du reste, la manière dont est amenée la maladie puis la mort de la mère est particulièrement abrupte et manque clairement d’émotions. De plus, si certaines péripéties restent inattendues, ce dernier épisode contient beaucoup moins de surprises que ce l’on pouvait espérer.
Après une jolie philosophie sur l’amitié éternelle à l’épreuve de la vie, la fin dégage un parfum de « déjà-vu » peu inspirant et peu enclin à l’affabulation… La conclusion laisse donc peu de place à l’imagination du spectateur et malgré un léger pincement au cœur pour cette page qui se tourne, on garde, à mon sens, le sentiment d’être resté sur notre faim…
Mais heureusement, tout n’est pas perdu grâce à la magie de CBS : que les fans se rassurent, une toute nouvelle série est en projet et porte déjà l’étonnant nom de « How I Met Your Dad », sur lequel je ne ferai aucun commentaire…